Un des concepts majeurs de la physiologie en Ayurvéda est l’état de bonne santé du système digestif, qui est le miroir de l’état de santé du corps entier.
Agni, appelé aussi le Feu Digestif regroupe les processus mécaniques, enzymatiques et métaboliques du système gastro-intestinal permettant de transformer des aliments ingérés en nutriments qui construisent les tissus de notre corps. Un autre de ses aspects est la capacité à détruire les agents pathogènes avant que ceux-ci ne s'immiscent dans l’organisme et y causent des maladies.
Nous comprenons ainsi facilement que les capacités digestives aient été symbolisées par l’élément naturel du Feu, capable de transformer la matière et de protéger.
Les 13 feux de la digestion
Digérés, absorbés et assimilés, tous ces processus sont donc sous la houlette d’Agni et sont distingués en 13 types différents.
Les principaux types d'Agni sont :
- Jathar Agni (le feu digestif principal dans l'estomac et le duodénum).
- Les 5 Bhuta Agni (la transformation par le foie).
- Les 7 Dhatu Agni (les feux digestifs spécifiques à chaque tissu).
Le Processus Digestif
Le processus digestif commence avec la mastication des aliments, où la salive (premier agent d'Agni) commence à décomposer les glucides. Les aliments descendent ensuite dans l'estomac, où le Jathar Agni les décompose davantage en nutriments. Ensuite, les nutriments sont absorbés dans l'intestin grêle grâce aux cinq Bhuta Agni activés par les fonctions hépatiques et biliaires. Enfin, ces éléments nutritifs sont acheminés vers les tissus et organes spécifiques pour composer des cellules et tissus grâce aux sept Dhatu Agni.
Jathar Agni : Le Jathar Agni est le premier et le plus important des Agnis, car il active la résonnance d’activité des 12 autres. Une corrélation s’opère entre la nature des aliments ingérés et le type d’enzymes qui pourront les travailler.
Bhuta Agni : Les Bhutagnis se situent dans le foie et agissent sur la masse nutritive en provoquant sa désintégration pour être assimilable en éléments distincts. Dans la perspective physiologique moderne, Bhutagni peut être apparenté à la transformation des matériaux digérés par les enzymes hépatiques. L’Ayurvéda a désigné cinq agnis localisés dans le foie, la science moderne trouvera aussi 5 types d’enzymes différents dans le foie.
Dhatu Agni : il existe sept types de Dhatu Agni, chacun associé à un des sept tissus du corps (plasma, sang, muscle, graisse, nerf, os, tissus reproducteurs). Les sept Dhatu Agni se trouvent dans les tissus et ont le rôle d’assimilation au niveau cellulaire pour reproduire le tissu concerné.
Deux facteurs déterminants de notre santé intestinale :
- La Prakriti, qui représente la constitution fondamentale d'un individu. Par exemple, une personne de constitution Pitta aura une plus forte capacité digestive qu'une personne de type Vata, tandis qu'une personne de type Kapha digérera plus lentement, mais de manière plus régulière.
- L'Aahar, la nutrition. L’hygiène alimentaire est personnifiée et évolutive. Aahar met en relation la constitution individuelle (Prakriti) et les déséquilibres éventuels (Vikriti) pour déterminer quel type de modèle alimentaire est le plus approprié afin de maintenir ou rétablir son équilibre.
L’équilibre d’Agni :
Un appétit régulier et modéré, associé à une bonne capacité digestive, est un signe de santé optimale. Lorsque le feu digestif ne fonctionne pas correctement cela conduit à l'accumulation, la stagnation et la fermentation des résidus alimentaires non digérés, connus en sanskrit sous le nom d'Ama. La faiblesse du feu digestif associée à l'accumulation d’Ama affaiblit le système immunitaire et peut ainsi favoriser l'apparition de maladies. Un Agni excessivement fort peut entraîner une activité digestive excessive, ce qui peut également être préjudiciable comme une auto-combustion des propres tissus corporels.
Comment avoir un bon Agni ?
Quelques habitudes alimentaires au quotidien évitent la production d’Ama et renforcent l’activité d’Agni :
- L'eau chaude (Ushnodaka) : commencer la journée avec un verre d'eau chaude est une des pratiques de routine matinale - Dinacharya - pour l’entretien du corps. L'eau chaude stimule la mise en activité du système digestif et aide à l’élimination des toxines.
- Manger au signal d’Agni : prendre les repas uniquement lorsque l’appétit se fait sentir, c’est à ce moment que tout le système digestif est prêt à assimiler. Trop tôt ou trop tard, les capacités digestives ne seront pas au rendez-vous et des perturbations s’en suivront.
- La diversité efficace : les 6 saveurs doivent être présentes au cours du repas : douce, salée, amère, piquante, acide, astringente. Chacune des saveurs stimule une fonction digestive différente permettant ainsi une assimilation optimale. L’utilisation des épices dans la cuisine est souvent la solution pour retrouver les 6 saveurs nécessaires.
- À table ! : les plats doivent être consommés fraîchement préparés. Toute la richesse de ce qu’apportent les aliments est présente dans les minutes qui suivent leur préparation. Plus les heures passent, plus la nourriture devient une nature morte.
- Le diapason de l’estomac : le temps du repas doit être d’une durée raisonnable. Le travail de transit des viscères a son propre tempo. Manger trop rapidement ou au contraire les repas s’étalant durant des heures interminables amènent des perturbations de digestion.
- Le plat du maître : le choix de son alimentation doit être en accord avec sa constitution (Prakriti) et ses besoins énergétiques du jour.
